Il bouge encore

Antoine et Amélie ont « réussi », selon les critères actuels : jeunes cadres performants avec bel appartement, vacances au Club Med, et cercle d’amis qui participent au même modèle d’apparences. Mais la crise est là pour tout le monde : le brillant commercial est licencié sans ménagement. Le vécu de ce séisme personnel met au jour les failles du couple et révèle les bases factices sur lesquelles il reposait. Ils s’éloignent inexorablement l’un de l’autre. Antoine se retranche peu à peu du monde extérieur et Amélie s’acharne à retrouver le modèle ancien. Jennifer Murzeau, journaliste née en 1984, collabore à la rubrique Société de plusieurs magazines après avoir débuté à la radio. Il bouge encore est son deuxième roman. Son propos critique résolument une société déshumanisée qui laisse les individus désemparés et sans repères quand les codes sociaux auxquels ils s’étaient accrochés se brisent. La dénonciation est rendue un peu caricaturale par le côté très parisien des personnages, pour lesquels on aimerait éprouver plus de sympathie. La langue directe, souvent crue, dit avec une relative efficacité la désintégration intérieure provoquée par le chômage, mais on s’enlise dans la vacuité de cet univers.