Léo, jeune homme dont la beauté et la candeur saisissent tous ceux qu’il rencontre, travaille à la chaîne dans une imprimerie parisienne. Il occupe un modeste studio en banlieue où son petit iguane le distrait de la solitude. Doté d’une certaine facilité d’élocution, rien ne laisse deviner ce qui le ronge, l’isole et l’exclut des autres : il ne sait pas lire. Mais un accident lui broyant les doigts, il est amené à dévoiler ses lacunes à l’infirmière qui habite son immeuble et vient le soigner. Professeur de lettres dans des établissements difficiles de Seine-Saint-Denis, Cécile Ladjali (Shâb ou la nuit, Livre du mois, NB avril 2013) retrace, dans une écriture nuancée et poétique, le parcours d’un enfant que le système éducatif n’a pas conduit à la réussite. Les rudiments de base, acquis avec peine en primaire, s’émiettent au fil des années et sont totalement oubliés lorsque l’adolescent commence à travailler. Il use alors de stratégies de dissimulation et d’évitement de plus en plus sophistiquées, au prix d’angoisses, de tortures, de moments de honte que l’auteur explore avec une empathie tangible et une justesse remarquable. Poignante, l’histoire de Léo témoigne du terrible handicap que constitue l’illettrisme dans notre société. (P.H. et N.C.D.)
Illettré
LADJALI Cécile