Nuit glaciale à Reykjavik. Agnès et Omar, passablement ivres, se rencontrent à une station de taxis. Au matin ils se réveillent dans le même lit : ils ne se quitteront plus. Les parents d’Agnès sont lituaniens. Émigrés en Islande ils ont regagné leur pays. Agnès consacre son mémoire de mastère au racisme islandais et elle interviewe Arnor, un néonazi atypique, intelligent et cultivé. Omar découvre bientôt qu’ils sont amants et ne le supporte pas. Or un petit garçon est né : qui est son père ? Ce roman long et dense est d’une surprenante richesse. S’il ne perd jamais de vue le trio aux moeurs assez libres, son jeune auteur propose aussi un panorama exhaustif des extrêmes droites européennes et un aperçu saisissant de l’Holocauste. L’évocation en 1941 du massacre de tous les Juifs de Jurbarkas (Lituanie) est d’une précision terrifiante et l’un des arrière grands-pères d’Agnès a dû tuer l’autre qui était juif. La composition, étonnante – on change de sujet d’un paragraphe à l’autre – est très maîtrisée. L’écriture est directe – les personnages ne mâchent ni leurs mots ni leurs pensées – et, malgré l’âpreté du propos, on rit souvent. Un roman total, passionnant, qu’on n’a pas envie de quitter. (C.-M.M. et M.-C.A.)
Illska, Le Mal
NORĐDAHL Eiríkur Örn