Londres avril 1601. Au sortir du théâtre du Globe, Shakespeare fait la connaissance de deux saltimbanques. Violetta, accompagnée du bouffon Feste, a fui l’Illyrie après l’assassinat de son père le duc et la mise à sac du pays par son oncle. Le fils de l’usurpateur, son fiancé Stefano, a gagné la République de Venise. Violetta s’est juré de rapporter dans son pays la coupe des Rois Mages volée par Malvolio. Ce prêtre illuminé a fui en Angleterre et veut ramener l’île au catholicisme et renverser la reine. Ce qui ne manque pas d’alerter le pouvoir…
Secrets, coïncidences, magie, duperies en tous genres se succèdent sans temps mort, dévoilant les coulisses de la pièce que Shakespeare va tirer des récits des fugitifs : La Nuit des Rois. Cette intrigue romanesque s’ancre dans une réalité historique restituée avec art. L’imaginaire duché d’Illyrie est plein de charme : ruines antiques, ville pittoresque, port animé soumis aux attaques des pirates écumant l’Adriatique. Londres et la cour, les demeures confortables et les bouges forment un tableau convaincant où la reine se contente d’apparaître. Shakespeare, dont la biographie est incomplète, joue en revanche un rôle de premier plan. Perfectionniste retouchant ses pièces jusqu’à la dernière minute, soumis aux diktats du bureau des Réjouissances d’Elizabeth, il est un ami loyal, un père aimant. La tournée des comédiens évoque les conditions de vie des troupes ambulantes toujours impécunieuses. La traversée des Costwolds où l’on élève le mât de mai, les feux de la nuit de Beltane (30 avril) rappellent l’univers des pièces de Shakespeare, et les rites populaires qu’il met en scène. Leur fraîcheur et leur spontanéité s’opposent à l’ésotérisme de mode dans les élites et la cour. Réalisme romanesque et cadre historique évocateur retrouvent le juste dosage qui avait enchanté dans Le Journal d’une sorcière. L’écriture est vivante, la construction alterne habilement récit et dialogues, souvenir et action, dans un joyeux tourbillon d’aventures pour le plus grand plaisir de tous.