À Göteborg, en Suède, trois jeunes islamistes préparent un attentat contre une librairie. L’une d’entre eux, Nour, est chargée de filmer l’exécution d’un auteur de BD prétendument blasphématoire avant de déclencher son gilet bourré d’explosifs. Les choses tournent autrement et Nour, la Syrienne, à moins qu’elle ne soit Annika, citoyenne belge, devient « la détenue de Tundra », au passé trouble, en proie à des délires schizophrènes. Pourquoi ? Qui est-elle réellement ? Dans ce roman assez déstabilisant, Johannes Anyuru (Du Paradis souffle une tempête, NB juin 2015) évoque les parcours chaotiques de jeunes à la dérive prêts à céder à des idéologies mortifères. Le récit, déstructuré à la fois dans sa composition et dans sa chronologie, est conduit par un narrateur omniscient et deux personnages : la jeune fille et le destinataire de ses écrits, un écrivain à l’identité incertaine. Les thèmes abordés plongent dans la violence, parfois insoutenable, du terrorisme, des camps d’internement des djihadistes, des tortures et de leurs répercussions psychiatriques. L’écriture est souvent factuelle, parfois sensible, mais l’intrigue difficile à suivre. Aucune complaisance cependant de la part de l’auteur qui tisse une fiction inspirée de la réalité, très visuelle, que ne renierait pas un bon scénariste. (M.M. et M.S.-A.)
Ils se noieront dans les larmes de leurs mères
ANYURU Johannes