Immersion.

Une jeune rescapée des camps revient en 1948 à Venise. Dans son Palais du Ghetto, le Prince Sforno d’origine juive reçoit David qui recherche l’identité de la mystérieuse inconnue. Serait-elle Stella la nageuse tchèque noyée en Argentine il y a vingt ans ? Ou Vera son double ? Peut-être Sara la soeur-amante prédestinée ? Subtilement manipulé, guidé par le Prince, David deviendra l’écrivain de cette histoire très construite où dédoublements de personnalité, réincarnations successives, toutes hébraïques, évoluent entre passé et présent. Cette quête de vérité difficilement cernable passe aussi par Trieste, la Bohême aux références tsiganes, mais le fil conducteur serpente – en boucle – autour de Venise liquide, décadente, mortifère, point d’ancrage de ce récit esthétisant et cérébral. Un verbe aux redondances volontaires dans des phrases illimitées aux images pénétrantes submerge le lecteur, parfois séduit, parfois égaré par des digressions culturelles savantes, allusions et coïncidences. Toujours marqué par les douloureuses années nazies (Les angles morts, NB octobre 2003) l’auteur souligne de nouveau la permanence du souvenir, l’horreur de l’oubli, la nécessité de la mémoire ancestrale.