Immortel, enfin

DREYFUS Pauline

Paul Morand, diplomate, grand voyageur, écrivain apprécié des années vingt et trente, est banni du monde littéraire en 1945 pour avoir servi Vichy. Ses amis se font rares, mais quelques jeunes – Jean d’Ormesson, Roger Nimier – lui manifestent leur admiration. En 1968, il a quatre-vingts ans. Jacques de Lacretelle le pousse à se présenter à l’Académie française (pour une cinquième candidature), de Gaulle ne s’opposant plus à son élection. Malgré quelques lâches défections d’académiciens apparemment favorables, il connaît enfin une brève « immortalité ». Centré sur un événement dont l’intérêt n’est pas primordial, ce premier roman pétillant brode sur les années de l’après-guerre où l’intelligentsia française a souvent fait preuve d’une bassesse que Pauline Dreyfus observe avec un sourire amusé, sinon bienveillant. Le récit fait défiler nombre de personnages de cette époque, croqués sur le vif, et il est émaillé d’anecdotes souvent croustillantes, de citations, et de bons mots parfois vachards, authentiques ou inventés ou plausibles. Les plus belles pages sont sans doute celles qui évoquent, avec finesse et tendresse, le couple Morand vieillissant.