Dans les années 70, les montagnes berbères résonnent du rire de Vendredi, huit ans, gardienne des chèvres familiales, ainsi protégée par son père des violences maternelles. Son mariage forcé à dix-sept ans la propulse dans une cité ouvrière près de Clermont-Ferrand. Sa fille vit une enfance où se succèdent interdits culturels, sévices corporels et conflits durement réprimés. Mais l’école, la passion des livres et une fabuleuse énergie permettront à la jeune bachelière de 1991 de devenir une écrivaine. Sur trois générations, les relations mère-fille, leurs brutalités répétitives, éclairent la permanence des rites, la vengeance atavique éducative des mères envers leurs filles fatalement soumises. Et cependant, Impasse Verlaine, l’amour maternel et le rire s’immiscent entre les coups. Ce récit d’amour-haine et de reconnaissance est porté par une belle langue simple et inventive : choix des adjectifs donnant vie à des images inspirées, rythme des phrases, construction sensible, pudique qui révèle aussi les douleurs affectives et les humiliations d’anciens colonisés. Au terme de ce beau premier roman aux accents autobiographiques, la narratrice, avec réalisme et humour, choisit de se libérer d’un destin inscrit, et nous livre, enfin, son prénom. (A.C. et M.S.-A.)
Impasse Verlaine
FARAH Dalie