« Une formule artistique jugée conforme sur le papier à son souvenir distancié » constitue la vérité de Imre Kertész, l’essence de son oeuvre, son propre itinéraire, l’écriture, son identité. Comme il rejette dans toute biographie anecdotes et psychologie, retracer la vie de ce prix Nobel très marqué par sa déportation à quatorze ans, constitue un défi, relevé par Clara Royer. Lire un tel ouvrage sans posséder la langue littéraire de Kertész reste donc frustrant. Et c’est dommage, car sa recherche d’un phrasé novateur semble nourrir le développement de sa philosophie originale : le caractère d’un individu n’infléchit pas le cours de l’histoire. Si le contexte impose de s’adapter, chacun est voué à se réformer et devient acteur du meilleur et… surtout du pire. La création de l’écrivain, homme libre, est un secours, une résistance, une survie. L’essai copieusement documenté, dense, truffé de références incessantes, de citations, de noms parfois inconnus, assez ardu à parcourir, tient plutôt de la thèse. (J.M. et C.R.P..)
Imre Kertész : « L’histoire de mes morts »
ROYER Clara