Sola, Ă©crivaine reconnue, solitaire et angoissĂ©e, vient de se donner la mort. Deux hommes lâont aimĂ©e, deux frĂšres, rivaux depuis lâenfance. Elle a vĂ©cu avec le premier mais au moment de mourir câest au second quâelle a fait confiance. Puisque les affinitĂ©s Ă©lectives se dispensent de tĂ©moignages conventionnels, lâamant dĂ©laissĂ© refuse dâassister Ă la cĂ©rĂ©monie dâincinĂ©ration mais dĂ©cide dâĂ©riger une stĂšle Ă la mĂ©moire de l’aimĂ©e en lui consacrant un livre. Le livre achevĂ©, il le brĂ»le, aprĂšs avoir compris que, Sola morte, plus rien ne pouvait lâaider Ă percer le mystĂšre dâun appel quâil nâavait pas su entendre lorsquâelle vivait.
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Linda LĂȘ retrouve ses thĂšmes rĂ©currents (Le Complexe de Caliban, NB mai 2005), lâamour impossible, la mĂ©moire, la folie, la ruine de vies quâon ne maĂźtrise pas. Ă la suite du narrateur, nous tentons en vain de saisir les ressorts mystĂ©rieux qui font vibrer, aimer, souffrir une femme. Si lâĂ©criture est curieusement alambiquĂ©e, les expressions familiĂšres alternant avec des mots dâune prĂ©tentieuse Ă©rudition, le livre renferme un cri dâangoisse indubitablement fort.