Jean-Antoine Giobert est un homme singulier, un peu sorcier. Et puis son visage est bleu. Est-ce parce qu’il a dédié sa vie, corps et âme, à la couleur bleue ? Il cultive l’isatis et cherche en permanence de nouveaux procédés chimiques pour en extraire l’indigo et fabriquer le plus beau bleu. L’assassinat sauvage de ses parents aristocrates par les jacobins autrefois l’a traumatisé, les bouleversements présents du pays nettement moins. Nous sommes en 1859 en Savoie, au moment de l’annexion française. La révolution industrielle est en marche, les premières théories sur le somnambulisme apparaissent, Giobert est visité par des apparitions étranges. Il disparaît régulièrement. Des crimes diaboliques sont commis. Lui n’est jamais loin. Atmosphère délétère. Mystère épais.
Les qualités d’écriture de Gérard de Cortanze, auteur prolixe (Miss Monde, N.B. février 2007), reconnu, ne sont plus à démontrer et il excelle dans les descriptions des couleurs. Mais dire le mystère n’est pas le créer. L’expression de la jalousie ou de la vengeance ne convainc pas. L’intrigue bavarde, le procédé répétitif qui l’alimente et la chute non crédible desservent l’intérêt biographique et historique de ce roman très documenté.