Un marchand d’art fait commerce des corps de SDF morts de froid devant sa galerie. Quand on dit qu’on aime sa grand-mĂšre, il ne faut pas en laisser le plus petit morceau. Ă la pause dĂ©jeuner, des employĂ©s organisent un tournoi sur le pont d’autoroute : le gagnant est celui qui envoie dans le dĂ©cor le plus d’automobilistes en les visant avec un projectile quelconque. En club de vacances, la sortie en mer pour couler des embarcations de migrants remporte un vif succĂšs.   OĂč l’on voit un acadĂ©micien Goncourt radicalement mĂ©tamorphosĂ© en satiriste dĂ©bridĂ© ! Philippe Claudel (L’arbre du pays Toraja, NB mai 2016) transmute sa colĂšre angoissĂ©e devant les dĂ©raillements de la sociĂ©tĂ© en une fiction grinçante plus efficace dans la dĂ©nonciation qu’un appel lĂ©nifiant Ă la solidaritĂ© et Ă la compassion. Vingt-cinq courtes histoires ultra-noires composent un â roman des moeurs contemporaines â d’une fĂ©rocitĂ© sans limites. L’auteur va trĂšs loin dans l’immoral, le monstrueux, l’inconvenant, l’absurde, le dĂ©rapage grinçant. Rien ne l’arrĂȘte pour exprimer sa haine de la bĂȘtise tout en utilisant ses codes : racisme, sexisme, lubricitĂ©, provocation, morbiditĂ©. Mauvais esprit et Ă©criture brillante pour un plaidoyer humaniste Ă rebours. (T.R. et E.B.)
Inhumaines
CLAUDEL Philippe