Les voix avinées des invités le soir de la noce, la nappe du banquet souillée, l’ultime étreinte, dans le noir, de la mariée et de Sam, son soi-disant frère : autant de signes avant-coureurs de la menace qui pèse sur le mariage de Lise et Henri, un très riche commissaire-priseur, veuf et deux fois plus âgé qu’elle. Ils se sont connus dans un bar de nuit où elle jouait les entraîneuses complaisantes, mais jusqu’à une certaine limite seulement. D’où, pour se l’approprier, sa proposition de l’épouser et, avec l’idée d’un kidnapping, une floraison de châteaux en Espagne dans les têtes de Lise et Sam. Scandé par des parcours de golf où Sam s’affronte à Henri, puis au frère de ce dernier, le récit se développe avec la même précision implacable que la trajectoire des balles.
Après L’Absolue perfection du crime (NB octobre 2001), Tanguy Viel reprend une histoire de truands à la manque, avec une économie de moyens remarquable, une écriture tendue, ajustée au plus près. Un livre superbe, un pur moment de littérature.