Au printemps 2024, un énorme séisme ravage Tokyo. Hôtesse de l’air sur long courrier, Line est en train de visiter la ville. Portée disparue, elle est retrouvée huit jours plus tard sous les décombres. Sa mémoire a occulté son séjour souterrain. Mais elle n’est plus la même et son compagnon, professeur de lettres dans un collège parisien, peine à la comprendre…
Caroline Caugant est graphiste et romancière. Insula est habilement construit. La première partie alterne le récit des séquelles psychologiques de la survie miraculeuse de l’héroïne et quelques épisodes de son enfance révélateurs de son caractère aventureux et d’une épreuve déjà subie. La seconde entrecroise le séjour de la jeune femme sur une petite île de l’océan atlantique et l’enfance chaotique d’une Japonaise qui y a vécu. Alors la survivante traumatisée recouvre des bribes de souvenirs. Elle n’était pas seule dans sa prison obscure et sa compagne d’infortune tokyoïte lui parlait d’une île inhospitalière pour conjurer la mort. L’autrice décrit finement de l’intérieur le syndrome de Lazare de la rescapée et, avec beaucoup de poésie, le paysage et le charme mélancolique d’Insula, banc de sable peuplé d’oiseaux où les hommes vivent durement de l’extraction du sel. Un lieu de contrastes où la Parisienne rapièce sa mémoire et, grâce à une insulaire âgée, meurtrie et solitaire, se libère de ses fantômes. Un roman délicat. (L.G. et B.T.)