Sous le soleil brûlant de la campagne castillane, un enfant se cache des paysans qui le cherchent à la fin d’une journée de travail dans les oliviers. Dans sa tête défilent des souvenirs cauchemardesques qui vont des brutalités paternelles aux sévices sexuels que lui inflige l’alguazil, le fonctionnaire de justice et de police du village auquel son père le livre régulièrement pour gagner quelque argent. Ne supportant plus ces tortures, l’enfant a pris la décision de fuguer. À peine les adultes rentrés, il sort de sa cachette et s’enfuit. Mais la terre est rude et il se trouve vite désemparé. À la nuit, croisant un berger qui dort à la belle étoile, il tente de lui voler un peu d’eau et de nourriture. En adaptant le récit d’un de ses compatriotes, Javi Rey livre un roman graphique âpre, tendu et violent. Une profonde et souvent sombre humanité irrigue pourtant ces pages où la nature n’a pas le monopole de la violence. Racontée à la première personne par un enfant qui tente d’échapper aux adultes, l’histoire saisit le lecteur dès les premières pages. Le dessin au trait précis et clair rend parfaitement la dureté des éléments et des êtres. Les teintes, alternance de jaune, de gris et de rouge, donnent corps à la sécheresse de la terre, des corps et des âmes. Au final, cet album est la preuve qu’une BD peut être une excellente adaptation d’une oeuvre littéraire et une oeuvre à part entière. (A.R. et E.B.)
Intempérie
REY Javi