Un modeste trois-pièces parisien, appartement rénové où l’on a bricolé tant bien que mal une salle de bain aveugle et une cuisine prétendument américaine : l’auteur en entreprend l’exploration et la description minutieuses. Son voyage dure trois ans et, comme Ulysse auquel il se compare plaisamment, il a pris soin d’éviter deux écueils redoutables : la monotonie et l’exhibitionnisme. Car, parlant des objets qu’il aime ou supporte mal, des couleurs bien choisies ou des taches humides, du plombier qui voulait le ruiner, des astuces qui ont amélioré sa cuisine, de son angoisse quand les plombs sautent… c’est son autoportrait qu’il propose. Et il le fait avec élégance et humour. Jouant sur les doubles sens et les rencontres inattendues, il donne des titres savoureux aux multiples paragraphes. Il renonce à décrire les livres de son mur-bibliothèque, mais évoque constamment, sans la moindre lourdeur, écrivains, peintres, cinéastes. À la fin de cette performance littéraire parfaitement réussie on regrette qu’il n’ait pu acheter un cinq-pièces.
Intérieur
CLERC Thomas