Intérieur nuit

Quand la fille de Cordoba, réalisateur sulfureux et mystérieux, est retrouvée morte, le journaliste Scott McGrath, dont la carrière et le mariage ont été ruinés après un reportage sur le cinéaste, reprend son enquête. Flanqué de deux jeunes acolytes qui connaissaient la victime, il se frotte aux forces du mal et entrevoit un monde caché qui ébranle ses certitudes. Dès les premières pages, le ton est donné et le lecteur captif ! Partant du classique procédé de la traque, l’enquête devient toxique et débouche sur des univers obscurs. Magie noire, dérive hallucinée dans des décors de films, superstition ou dévotion, chaque découverte alimente l’aura mortifère du réalisateur tandis que l’obsession fait reculer la raison du journaliste. Pourtant, c’est la part d’ombre tapie au coeur de l’humain que le narrateur découvre. Les références cinématographiques et les documents (photos, presse et pages web….), tous inventés, apportent au récit un surplus d’originalité et de crédibilité. Dans la lignée de l’excellent La physique des catastrophes (NB octobre 2007), l’écart entre fiction et vérité constitue la clé de voûte de ce roman fleuve. Un puzzle addictif, au style alerte et séduisant : l’ambiguïté demeure jusqu’à un épilogue plus apaisé, où tout prend sens. (Maje et M.Bo.)