Bê mène à Rêu, bourg proche d’Hanoi, la vie insouciante et espiègle d’une adolescente de douze ans, près de sa mère, professeur, loin de son père, officier à la frontière sino-vietnamienne. Voulant venger une camarade harcelée par le professeur de gymnastique, elle ridiculise ce dernier et la directrice, communiste intransigeante, l’exclut de toute école. Elle s’enfuit alors avec sa meilleure amie pour rejoindre son père. Après diverses aventures, les deux gamines sont recueillies par un vieil homme dans un village de montagne ; connaissant une vie rude, au contact de la nature et de la forêt nourricière, elles partagent travaux et réjouissances de la communauté paysanne. Finalement, Bê retrouve son père, dans une émotion mutuellement partagée.
Au-delà de l’anecdote, ce récit, sans doute autobiographique, écrit en 1985 au Vietnam avant que l’auteure, maintenant en France, ne soit mise en résidence surveillée, développe un charme suranné, une douce nostalgie dans une très grande pauvreté. Le réalisme poétique apprécié dans ses ouvrages ultérieurs (Terre des oublis, NB janvier 2006) est déjà exprimé dans cette oeuvre de jeunesse, ô combien attachante.