Après la crise de 1929 qui a ruiné son père, juif tunisien, Hannah, qui rêvait de devenir institutrice, est retirée de l’école à treize ans pour remplacer les bonnes de sa mère. C’est l’origine de sa rancoeur, car elle voit sa soeur et ses frères poursuivre leurs études ; mariée contre sa volonté à un homme sans envergure qu’elle méprise et avec lequel elle a sept enfants, elle reste « la parente pauvre » de la tribu qui s’exile en France et en Israël. Comme dans Mon coeur de père (NB mars 2012) l’auteur s’inspire ici des blessures de son histoire familiale, en particulier du destin d’une mère, sacrifiée injustement par ses parents dès son enfance. Dans un style percutant, aux phrases courtes, il décrit cette femme, blessée dans son orgueil, envieuse de la réussite de ses frères et soeur, aigrie et incapable de tendresse, se complaisant dans l’avalanche de reproches qu’elle déverse sur son mari et ses enfants. C’est l’un des plus jeunes qui raconte les tribulations pittoresques et amères de cette famille juive déracinée. Une chronique attachante, un peu compliquée par le nombre élevé des personnages.
Ivresse du reproche
KOSKAS Marco