J’ai couru vers le Nil

EL ASWANY Alaa

Le Caire, 2011. Sur la place Tahrir, Asma, une jeune enseignante, manifeste avec Mazen, un ingĂ©nieur qui devient l’amour de sa vie. Étudiants en mĂ©decine, Dania et Khaled rejoignent la foule des rĂ©volutionnaires de plus en plus nombreux. Un acteur de cinĂ©ma copte, Achraf, devient un des soutiens actifs du mouvement. Face Ă  ces manifestants sincĂšres se dresse le puissant appareil rĂ©pressif que constitue la SĂ©curitĂ© d’État.  Alaa El Aswany (Automobile club d’Égypte, NB avril 2014) a choisi de narrer la lutte contre le pouvoir, reprĂ©sentĂ© par le prĂ©sident Moubarak, par six personnages reprĂ©sentatifs de la sociĂ©tĂ© Ă©gyptienne, de l’artiste copte grand bourgeois Ă  l’étudiant pauvre en passant par des intellectuels engagĂ©s dans la vie active, sans oublier une servante au grand coeur. Ces hommes et femmes de bonne volontĂ© n’ont qu’une ambition : faire rĂ©gner la justice et la libertĂ© dans une sociĂ©tĂ© corrompue et soumise Ă  une dictature impitoyable. L’auteur ne nous Ă©pargne aucune exaction, aucune violence, aucune humiliation, aucun tĂ©moignage accablant, dans le rĂ©cit qu’il donne de la rĂ©pression aveugle orchestrĂ©e par l’armĂ©e, avec la complicitĂ© trĂšs active des FrĂšres musulmans et surtout des mĂ©dias. Avec son talent de conteur, l’auteur signe un roman glaçant et nĂ©cessaire, interdit en Égypte. (A.K. et B.D.)