J’ai douze ans…

KERTANGUY InĂšs de

Il n’est rien. Une nullitĂ©. Enfant d’une mĂšre-enfant de quinze ans qui le hait et dont le nouveau mari l’enferme dans un rĂ©duit pour en ĂȘtre dĂ©barrassĂ©. Mais le « Salaud » est parti, les laissant seuls sa mĂšre, son demi-frĂšre et lui
 dans son placard. Il a douze ans et, tant que sa mĂšre le hait, il est vivant. Il aimerait la dĂ©tester, mais il est coupable de tout puisque le fruit d’un viol. Sa souffrance est son seul bien, ses rĂ©voltes ses seuls recours, ses petits bonheurs rĂ©sultent de trocs avec son frĂšre et d’un petit vasistas
 inaccessible.

 

RĂ©cit menĂ© Ă  la premiĂšre personne, unique point de vue d’un petit garçon, cette fiction sobre et attachante frappe par son intensitĂ©. DerriĂšre les grandes manifestations de la maltraitance – isoler, ignorer, terroriser – se profilent les besoins psychoaffectifs d’un enfant que le manque d’amour affermit. L’auteur embrasse sa rĂ©signation, y fait grandir de poignantes interrogations et fleurir de petites jubilations, y sĂšme des rĂ©bellions. On retrouve dans ce texte l’aptitude d’InĂšs de Kertanguy (La reine mĂšre d’Angleterre, NB aoĂ»t septembre 2000) Ă  donner Ă  ses personnages une voix particuliĂšre et Ă  sonder les blessures d’une plume lĂ©gĂšre, oĂč le misĂ©rabilisme n’est pas de mise.