1931. Fuyant les Philippines, le jeune Willie atteint l’île de Nauru en Océanie. Travailleur, ambitieux, il intègre l’école, le milieu aborigène, puis la Nauni Phosphate Corporation. Cette société, dirigée par des Blancs, dont un Suédois déconcertant, extrait la seule richesse locale, un phosphate très pur. L’entreprise se développe rapidement et aussi vite Willie monte en grade. Après trois ans d’occupation japonaise, l’île est à nouveau sous administration australienne jusqu’à son indépendance en 1968. Le néo-Nauruan profite de cette évolution sur tous les plans. Aussi dure sera la chute… L’universitaire Aymeric Patricot s’est beaucoup consacré à des cas sociaux marqués par le pessimisme (Les petits blancs : un voyage dans la France d’en bas, NB janvier 2014). Ici, l’itinéraire hors norme du Mélanésien parti de rien et propulsé au sommet du pouvoir local, écartelé entre ses racines et son rêve, semble un prétexte. De cette narration parfois bavarde, trop encombrée de personnages secondaires sans chair, émerge la grandeur et la décadence singulières de l’île. Une île longtemps colonisée, surexploitée, étourdie par un succès économique fulgurant et l’autonomie, et délestée de ses valeurs traditionnelles. L’auteur, sans l’exactitude documentaire, en fait un archétype.
J’ai entraîné mon peuple dans cette aventure
PATRICOT Aymeric