Après quelques années à Berlin, la famille Queloz – le père d’origine suisse, la mère d’origine française et les trois enfants – sont expatriés à Tel Aviv pour des raisons professionnelles. L’aîné, Frédéric, est très troublé psychiquement par ce déménagement. Adolescent particulier, il se dédouble, se prenant pour Théodore Herzl, fondateur du mouvement sioniste. L’apprentissage de l’hébreu accentue son déséquilibre intérieur et provoque une succession d’actions étranges dont la plus grave, une fugue à Jérusalem et Ramallah, pour rompre avec sa famille, scellera son internement psychiatrique.
L’auteur, linguiste, écrivain (Prenez l’avion, NB décembre 2008), homme de théâtre, met en scène les thèmes qui lui sont chers : le trouble identitaire, la communication entre les hommes, l’expression physique. Le monologue intérieur de Frédéric est bouleversant et inquiétant. Construit comme une spirale avec quelques retours sur le passé, ce roman crée peu à peu l’enfermement dans une psychose qui grandit subrepticement sur fond d’apprentissage intellectuel. Loin des clichés sur l’adolescence et la folie, Denis Lachaud propose un voyage intérieur d’une grande richesse. Des phrases courtes et dépouillées mettent en valeur la profondeur du propos et l’émergence des angoisses métaphysiques du héros.