Au 11, Avenida del doctor Arce, à Madrid, dans les années soixante, vivent Carmina, une jeune Madrilène, enceinte et abandonnée, et deux célébrités, Ava Gardner et le général argentin Perón, sur qui veille le fantôme de sa célèbre épouse, Evita. Le général attend – en vain – d’être reçu par Franco et répète indéfiniment sa future entrevue, dans le jardin, devant ses chiens ; Evita, momie en quête de sépulture, relate ses amours silencieuses avec son embaumeur et ironise gentiment sur les faits et gestes de son mari qui, entre temps, s’est remarié. Ava Gardner, toujours entre deux verres de sol y ombras, se remémore sa carrière de godiche à la splendide plastique, selon son propre aveu, et veut absolument entraîner dans ses agapes Carmina qui décline régulièrement son offre et cherche à fuir ce monde de fous. Un joli petit texte grinçant, les gesticulations stériles d’un homme déchu et trois façons douces-amères de décliner la solitude au féminin. Un jeu littéraire en boucle, savoureux, mais gratuit, sitôt lu sitôt oublié.
Jardin blanc
ALCOBA Laura