J’attendrai la fin du monde

GORDON-GENTIL Alain

En mars 1968, alors que l’üle Maurice s’apprĂȘte Ă  devenir indĂ©pendante de l’Angleterre, Horace Baudelaire est partagĂ© entre ses convictions autonomistes et son gagne-pain : la rĂ©daction d’articles favorables Ă  la prĂ©sence britannique. La rencontre d’Aansa Fitzgibbon, fille du Gouverneur, dont il devient amoureux, complique encore sa situation. AprĂšs son suicide ratĂ©, fils d’ouvrier et arriĂšre-petit-fils du grand poĂšte, il voit partir des amis Ă  l’étranger par crainte d’un effondrement Ă©conomique ou d’une indianisation de la sociĂ©tĂ©. CrĂ©ole, il Ă©volue entre les diffĂ©rentes communautĂ©s, veut cesser de se trahir et finit par choisir la paix intĂ©rieure, mais le coĂ»t sentimental en est Ă©levĂ©.  Alain Gordon-Gentil, natif de l’üle, analyse les failles de la sociĂ©tĂ© mauricienne (Devina, NB octobre 2009) et y inscrit une idylle charnelle et surprenante entre le narrateur et une mĂ©tisse indo-anglaise. Autant l’atmosphĂšre est bien rendue, avec les dissensions entre hindous indĂ©pendantistes et crĂ©oles et musulmans partisans du statu quo, autant l’évolution ultĂ©rieure du hĂ©ros paraĂźt improbable. MalgrĂ© une bonne description de cette sociĂ©tĂ© multiethnique, dont la fausse harmonie cache de possibles explosions de violence, et de suggestives et sensuelles Ă©vocations des corps et de la nature, l’intrigue et la personnalitĂ© du narrateur restent assez fumeuses. (S.La. et A.Le.)