Au XVIIIe siècle, les souverains d’Europe se sont entichés de la porcelaine originaire de Chine. En France, la manufacture de Sèvres en a percé le secret de fabrication, jalousement gardé. Par jeu, par défi, Marie-Caroline, mariée au roi des deux-Siciles, décide de ressusciter la manufacture de Capodimonte près de Naples dont les ateliers ont été démantelés par Charles III, son beau-père parti règner en Espagne. Au printemps 1771, Marie-Antoinette, qui vient d’épouser le futur Louis XVI, cède à l’appel pressant de sa soeur et expédie en Italie Anselme Masson, le meilleur chimiste de Sèvres. Ce dernier se trouve embarqué dans un imbroglio dont il ne sortira pas indemme. Reprenant la structure narrative de ses précédents romans-fleuves historiques, Jean-Paul Desprat (Au nom de la Pompadour, NB juillet 2001) retrouve les héros de son Bleu de Sèvres (2006). Avec fougue et un certain talent il évoque les intrigues d’une cour versatile partagée entre tradition et progressisme et ses rapports avec la création artistique et intellectuelle. Avec de belles envolées lyriques pour évoquer Naples « l’ensorceleuse » et Rome « l’empoisonneuse », un ouvrage qui restitue agréablement une des premières affaires d’espionnage industriel.
Jaune de Naples
DESPRAT Jean-Paul