Gérault, la cinquantaine bedonnante et transpirante, est au chômage et sa vie sentimentale au point mort. Il retrouve par hasard un ami de collège volubile qui l’invite à dîner chez lui et use de son influence pour lui trouver une place de commis dans l’épicerie de son neveu. Gérault se laisse faire, mais n’en pense pas moins. Il n’aurait pas dû accepter l’invitation ni le boulot minable, pas dû se moquer de la grosse Françoise qui pourtant s’intéresse à lui, pas dû habituer sa mère gémissante et exigeante à des visites régulières et éprouvantes. Comme dans Tant que tu seras heureuse (NB novembre 2010), Alma Brami parle du repli sur soi. Elle choisit le monologue intérieur, ironique et lucide, pour exprimer les atermoiements d’un homme pusillanime qui ne se pose aucune question sur lui-même et réserve ses pensées souvent acerbes aux autres. Les situations sont parfois cocasses, les réflexions et les jeux de mots souvent faciles, mais il faut reconnaître qu’ils font mouche. Le ton enlevé donne du rythme à ce petit livre, cependant le manque de profondeur et de chaleur de son personnage, victime consentante de son triste sort, peut finir par agacer.
J’aurais dû apporter des fleurs
BRAMI Alma