Je dois tout à ton oubli

MOKEDDEM Malika

Un souvenir très lointain rejaillit brusquement dans l’esprit de Selma : sa mère étouffant sous un oreiller un nourrisson emmailloté. La violence de l’image ébranle tout son être. Médecin à Montpellier, elle éprouve alors la nécessité impérieuse de revenir dans son désert natal pour entendre sa mère démentir l’infanticide. Mais le drame occulté depuis la petite enfance et déclencheur de ses insomnies a bien eu lieu. L’énergie d’abord inconsciente que mit Selma à se dégager du carcan familial est à la mesure de la béance creusée par le manque d’amour maternel.

 

L’écriture ardente et volcanique de ce roman aux allures autobiographiques traduit avec force l’insondable douleur. L’émergence tardive de ce souvenir permet à l’auteure de mieux cerner l’origine de ses rébellions et de comprendre les raisons de l’impossible dialogue avec sa mère. Tout en continuant à explorer son passé (cf. La transe des insoumis, NB. mars 2003), Malika Mokeddem fait le triste constat d’une Algérie contemporaine qui peine à se libérer de ses archaïsmes et ses peurs.