Quitter son pays, laisser derrière soi sa grand-mère et ses poupées chéries, partir pour une terre inconnue où on ne comprend même pas les gens : Maryam vit mal le choc de civilisations. Parler la langue d’Ici ou de Là-bas ? Elle se tait. Manger des plats inconnus, elle refuse. Obéir aux injonctions des adultes ? Elle se replie sur elle-même, s’isole. Jusqu’au jour où une petite fille fait le premier pas vers elle.
Le pays d’origine et le pays de l’exil ne sont pas nommés, afin de parler de tous les immigrés, au risque de créer un flou, de dérouter des enfants encore très jeunes qui se poseront des questions : pourquoi a-t-elle dû partir ? D’où vient-elle ? Les tons doux des illustrations s’accordent à la pudeur de l’approche presque trop neutre. L’image de la fillette est en décalage avec l’âge des premiers romans. Le pas vers l’autre fait mesurer la valeur de l’amitié. L’autrice s’est inspirée de sa propre expérience. Les problématiques de l’exil, elle en a parlé dans un roman pour adultes : Marx et la poupée, Prix Goncourt du premier roman 2017 et Prix Hors Champ CBPT. (A-M.R. et C.B.)