Né en 1922, cinéaste de l’avant-garde américaine des années soixante-dix, Jonas Mekas raconte dans ce journal bouleversant entrecoupé de photos, son enfance de paysan pauvre en Lituanie, pays dont l’histoire se confond avec la sienne : les occupations allemande et russe ont pour conséquence tragique l’exode des habitants et l’errance de l’auteur. De 1944 à 1949, il est emporté dans l’indescriptible chaos de l’après-guerre en Allemagne où une foule de « personnes déplacées » quête toit et nourriture. Lui-même vit difficilement entre deux milieux parallèles : celui de ses compagnons « déplacés » – saleté et promiscuité – qu’il observe avec humanité et celui des intellectuels qui l’aident à publier poèmes et divers écrits enrichis de sa prodigieuse culture. En 1949, il débarque avec son frère à New York. Ils subsistent misérablement mais se nourrissent avec avidité d’une culture nouvelle. Comment se construire dans ce pays si loin de ses références européennes, avec des souvenirs aussi poignants qu’indispensables ? Ce Journal s’arrête en 1955. Il trace le portrait d’une époque et celui d’un anticonformiste introspectif, habité par l’irrépressible nostalgie lituanienne. Quelques longueurs mais beaucoup d’émotion.
Je n’avais nulle part où aller.
MEKAS Jonas