Câest, en quelques pages, le discours navrĂ© dâune petite fille adressĂ© Ă un absent, celui qui lisait des histoires, faisait des gĂąteaux, portait des bottes de caoutchouc, jouait de la guitare, dessinait des ombres chinoises⊠ Qui est cet absent ? Le texte ne donne aucun indice, ni dâĂąge, ni de sexe. Lâillustration suggĂšre une lecture plus prĂ©cise, pas tant dans les activitĂ©s Ă©voquĂ©es, tout Ă fait mixtes, que dans certains dĂ©tails vestimentaires, comme pour permettre Ă chaque lecteur de choisir « son » absent : un pull, un chapeau, le rĂ©alisme dâune paire de bottes, lâallure vieillotte dâun fauteuil Ă bascule, le papier peint fleuri dâune piĂšce, signes dâune rĂ©alitĂ© prĂ©cise derriĂšre lâimage. Lâenfant, elle, est une petite fille, tout entiĂšre contenue dans lâexpression stylisĂ©e dâun visage « Ă©moticĂŽnique ». La derniĂšre page parachĂšve lâitinĂ©raire du deuil mais elle est nĂ©anmoins convenue : au milieu des objets convoquĂ©s par le regret, le souvenir installe une nouvelle prĂ©sence de lâabsent et fait renaĂźtre le sourire de lâenfant. (C.B.)
Je ne te vois plus
MARTĂN Paul