Avant-dernier d’une fratrie de quatre garçons, Claude Arnaud est dévasté d’avoir perdu successivement sa mère, ses deux frères aînés qu’il admirait par-dessus tout, puis son père. Orphelin à quarante-trois ans de cette « entité » fondatrice, il sombre. Les amours ne sont guère brillantes : il rompt la liaison en pointillé qu’il entretient avec Henri. Des séjours en Haïti, où il tombe sous le charme de la merveilleuse Geneviève, raniment la flamme de cet « exilé de la vie » : malgré la pauvreté, les coeurs simples et le plaisir des sens ouvrent à la joie de vivre.
Troisième et dernier tome du cycle autobiographique inauguré avec Qu’as-tu fait de tes frères (2010) et Brèves saisons au Paradis (NB octobre 2012), Claude Arnaud revient sur son parcours jalonné de ces épisodes douloureux pour s’étonner de son ressaisissement et de ses mues. Elles sont si radicales que l’auteur-narrateur peut se considérer autre, voire multiple, ce dont il se félicite puisqu’être lui-même ne lui suffisait pas. Ses réflexions sur l’existence et l’identité, servies par une plume magnifique, démontrent, avec à-propos, comment de « locataire de son être », il en est « devenu le propriétaire ». (D.D. et A.-M.D.)