Elle avait treize ans quand le juge Boulouque sâest suicidĂ©. Il Ă©tait son pĂšre. Elle avait seize ans quand Julie sâest suicidĂ©e. Elle Ă©tait sa meilleure amie : accumulation de drames personnels un peu trop lourde Ă porter. Dans les deux cas, elle nâavait rien vu venir. Avec son pĂšre, elle vivait dans le danger, enfin, un peu. Mais avec Julie ? Elle croyait ĂȘtre sa grande copine, ĂȘtre tout pour Julie comme elle Ă©tait tout pour elle, ĂȘtre seule Ă partager avec elle leurs histoires de garçons, Ă Ă©changer des confidences, Ă vivre une amitiĂ© exclusive. En dĂ©couvrant, des annĂ©es plus tard, que ce nâĂ©tait pas vraiment le cas, ClĂ©mence Boulouque sâessaie Ă nouveau, avec ce court opus, Ă cautĂ©riser ses plaies par lâĂ©criture. Tous ses romans, dont le premier (Mort dâun silence, NB mars 2003) pour faire son deuil aprĂšs la mort de son pĂšre, sont autant de manifestes dâamour et de dĂ©ception Ă©crits dans la langue quâon lui connaĂźt, de facture trĂšs classique, lĂ©gĂšrement apprĂȘtĂ©e, souvent attachante. Cette tristesse si personnelle peut-elle ĂȘtre vraiment partageable ?
Je n’emporte rien du monde
BOULOUQUE Clémence