Erich Hafner, commandant dans la Luftwaffe est en mission sur le front russe, mais au delà de la guerre, le ciel et l’espace sont propices à la rêverie. Dans un huis clos avec lui-même, se jouant de la chronologie et de la réalité, il dialogue avec son passé : Solaya une vieille paysanne qui l’a soigné à la suite d’un grave accident, sa mère artiste peintre persécutées par les nazis… Il revit son admiration pour les chevaliers du ciel lors de la première guerre mondiale, eux qui combattaient pour l’honneur. Mais le destin l’attend au dessus de Dresde en feu.
« Je suis mon rêve » flotte aux limites du rêve éveillé. L’esprit vagabond libère les souvenirs, les regrets et les doutes en un récit qui peut sembler chaotique pour certains et magnifiquement onirique pour d’autres. Il éclaire les erreurs, les compromissions, les tyrannies. Dans les nuées atteintes par le pilote, tout est purifié, surtout lorsqu’il vole librement vers le sacrifice de sa vie. Le traitement graphique de l’album peut également apporter la confusion dans l’esprit des lecteurs : certains peuvent être rebutés par les recherches poétiques de Auladell à travers ses effets de crayonnés et d’impressions dont la pertinence se laisse peu à peu découvrir au cours d’une nécessaire relecture, d’autres le jugent splendide grâce en partie à la combinaison des trois couleurs : noir, rouille et blanc qui habillent les pages aux dessins estompés et précis et laissent l’imaginaire souverain pour fouiller sans retenue le plus noir comme de plus lumineux de l’âme humaine. Une oeuvre élitiste peut être, mais qui ne peut laisser indifférent en raison de la pertinence des questions qu’il pose, de la qualité et de la force des images.