Arthur est né laid ! Très laid. Pour ses parents même, cette aberration de la nature est une épreuve. Comment aimer un tel enfant ? Comment attendre jusqu’à l’âge adulte une éventuelle prouesse chirurgicale ? Au père échoit la charge de s’occuper de l’enfant quand la mère se réfugie dans son métier. Le jardin public, l’école, autant de stations d’un calvaire quotidien que l’adolescence multiplie. Comment aborder ce visage plus qu’ingrat ? Comment vivre avec ? On pouvait craindre le pathos facile, la révolte et les larmes. Or l’histoire finit bien ! Ce roman dissèque au fil des mois les réactions d’Arthur, le narrateur. Plus resserré, le propos aurait gagné en efficacité ; la question de l’art, par exemple, parasite artificiellement le thème central. Néanmoins, Je suis né laid est un vrai roman d’apprentissage où la laideur est un marqueur sans pitié du face à face avec autrui : les regards trichent si souvent ! Aimer ou être aimé ne va pas de soi. À l’aune de ce préalable, entre émotion et autodérision, l’éducation sentimentale démolit les clichés et gagne en profondeur. Y compris dans le rapport intime que chacun de nous construit avec son apparence. (C.B. et M.D.)
Je suis né laid
MINIÈRE Isabelle