Une journée : celle de la vie d’un papillon dans le jardin des Hoffmann. Journée de fête familiale, violemment interrompue par l’intrusion d’hommes en culottes de cuir et chemises brunes. Scène imaginaire imprégnée de vérité historique : les tables sont fracassées, les hommes tabassés… Même Clara, la petite fille, semble menacée. Tout ceci se passe sous les yeux du papillon qui volète au-dessus de cette scène, spectateur impuissant mais narrateur compatissant.
Car c’est le papillon qui raconte cette histoire, nouvelle approche de ce regard si particulier que porte l’auteur sur la seconde guerre mondiale et le nazisme à travers le livre d’images pour grands. L’introduction de l’élément poétique, fragile, éphémère et si délicat qu’est l’insecte renforce d’autant l’opposition entre le temps suspendu pour ces êtres malmenés, et l’arrogance de ceux qui les brutalisent. La famille ne survivra probablement pas plus à la guerre que le papillon à la fin du jour, mais l’image de son envol à la fin de cette journée – comme un raccourci de la vie – reste au coeur lorsque l’on referme le livre.