Je suis vivant

MARS Kettly

2010 en Haïti. Un séisme ravage Port-au-Prince et ses alentours. Dans la propriété familiale « Fleur-de-Chêne », Eliane, la mère, quatre-vingt-six ans, reprend son souffle, entourée de ses enfants et des domestiques. Un second bouleversement les attend : Alexandre, un des fils, doit quitter l’institution où il est interné depuis quarante ans. Il sera là dans deux jours. Chacun prend la mesure de l’événement et se remémore la vie du temps où il était parmi eux. Comment se comporter ? Comment s’apprivoiser mutuellement ? Kettly Mars construit un huis clos où les personnalités, en se frottant les unes aux autres, vont faire bouger la part intime, refusée, secrète de chacun. En une série de courts chapitres, l’auteur donne successivement la parole aux acteurs de ce drame. La maladie mentale – ici, la schizophrénie – est le sujet central : la peur et l’incompréhension qu’elle suscite, la marque qu’elle imprime sur une famille partagée entre la culpabilité, la violence et la tendresse. Les portraits sont justes : figure tutélaire du père, gouvernance de la mère, connivence et dissemblance de la fratrie. L’écriture est vivante et exprime avec sensibilité et sensualité l’évolution des sentiments vers une cohabitation apaisée. (M.-A.B. et A.-M.D.)