De tabous en libérations, de polygamie en monogamie, de morale conjugale en antimorale libertaire, de puritanisme en exhibitionnisme, de libertinage en chasteté, de révolution sexuelle en révolution asexuelle, de déterminisme biologique en choix libre, des premiers émois au désamour…, l’amour et le sexe ont agité l’homme et la femme. De Platon et Épicure à Kierkegaard, Pascal, Sartre ou Jankélévitch, de Lucrèce et saint Augustin à Cohen, Lévy Strauss, Maritain ou Houellebecq, ces deux même agitateurs ont divisé les institutions, les écrivains, les scientifiques et les philosophes. Vouloir inscrire dans l’ordinaire du quotidien l’extraordinaire qu’est l’amour n’est-ce pas condamner l’extraordinaire à l’ordinaire ? L’amour durable se sait-il ? L’amour n’est il pas « le généreux apprentissage de l’amour » ? Une belle réussite que ce premier livre d’Olivia Gazalé, professeur à Sciences Po et directrice des Mardis de la Philo. Prétendre ratisser sans conformisme, cynisme ou naïveté, ce thème tant exploré est une gageure. Pari gagné. Pas de bibliographie en fin d’ouvrage, mais le sérieux du livre est néanmoins garanti par la multiplicité et la pertinence des références et des citations parfaitement intégrées par l’auteur au coeur même du livre. Grâce à une écriture claire et vivante, une construction utilisant habilement la chronologie, aux questions exhaustives subtilement formulées, aux réponses argumentées, cet essai passionnant met la philo à la portée de tous.
Je t’aime à la philo : quand les philosophes parlent d’amour et de sexe
GAZALÉ Olivia