Je t’aime tellement que

« Je t’aime tellement que … », « Je t’ai dit… », « Tu m’as dit… », étrange dialogue intemporel que s’échangent deux curieux petits personnages, ils s’aiment et se le répètent inlassablement comme une litanie. Les avions s’envolent au loin, atterrissent, les porte-conteneurs lourdement chargés suivent le fleuve, passent un détroit. Entre-temps l’absence qui rend fou, l’attente, l’angoisse, le manque, la souffrance.  Allers et retours, bonheur des retrouvailles, la vie semble impossible sans l’autre.

Un très grand format pour cet album envoûtant, à regarder, à pénétrer jusqu’à se fondre dans l’image, écho du texte à l’imaginaire débridé, sorte de long poème à la force incantatoire, à la singulière alchimie des mots, des phrases. À chaque page l’émotion, procurée par le sentiment amoureux que chaque départ rend vulnérable et intensifie, déborde, explose, transforme le quotidien et l’environnement, les choses, l’être lui-même. L’amour « c’est minuscule », « c’est gigantesque », nous sommes dans la démesure, l’affectif exacerbé. Un fantastique travail de création verbale mais aussi graphique – dessins stylisés, crayonnés, peints, pochoirs, papiers découpés, collages – pour cette dithyrambique déclaration d’amour mutuel à lire dans les lignes, entre les lignes, à travers l’illustration suggestive, entre les pages, espace libre partagé par le lecteur.