Dans la rue, LĂ©opold attend sa maman. Elle va revenir trĂšs vite, lui a-t-elle dit, le temps quâil compte jusquâĂ 10. Alors il compte ! Quand on est un petit garçon tout seul dans la foule de la rue, câest vite trĂšs long, trop long, et la peur sâinstalle, incontrĂŽlable, en mĂȘme temps que les interrogations des passantsâŠ
Un album Ă suspense dont le hĂ©ros est un enfant ! On tourne les pages, le cĆur battant, pour retrouver, Ă la toute fin, le motif floral rassurant de la robe de maman perdu de vue dĂšs la deuxiĂšme page et deux mains qui se rejoignent aprĂšs sâĂȘtre sĂ©parĂ©es. Ouf ! Page aprĂšs page, la mĂ©canique de la peur, les ressorts sur lesquels elle fonctionne, sont exprimĂ©s avec une parfaite lisibilitĂ©, sur fond noir, dans les expressions stylisĂ©es du visage de lâenfant, associĂ©es Ă son discours intĂ©rieur et au dĂ©compte, page aprĂšs page du temps qui passe, de 1 Ă 10. Les autres, les anonymes de la rue, sont de simples silhouettes en ombres chinoises qui incarnent, sans parole, sollicitude ou danger possible, ce Ă quoi lâenfant doit faire face. Car cet album est, sans le dire, un album dâapprentissage original qui reprend dans les questions dâun narrateur extĂ©rieur inscrites sur des intercalaires noires les interrogations de tous. Autour de La peur par excellence : celle de la disparition de maman.  (C.B.)  Â