Je vous écris dans le noir

SEIGLE Jean-Luc

Milieu aisé, mère dépressive, père aimé mais à l’attitude ambiguë, deux frères qui mourront à la guerre…, Pauline Dubuisson est la maîtresse à seize ans du médecin-chef allemand de l’hôpital de Dunkerque. Tondue à la Libération, elle est violée à maintes reprises. Elle tue l’amant qui refuse de l’épouser. Échappant à la peine de mort, elle est condamnée à la prison à perpétuité. Le public ne voit en elle qu’un être dévoyé, honte de sa famille. Libérée pour bonne conduite, choquée par le film de Clouzot La Vérité qui reprend son histoire, elle fuit au Maroc espérant échapper à ses démons. Jean-Luc Seigle (En vieillissant, les hommes pleurent, NB mars 2012), très intéressé par ce fait divers, change de registre avec ce récit. Pauline Dubuisson a-t-elle été jugée avec équité ? Il tente de la réhabiliter, faisant d’elle la narratrice de sa vie. Il n’est pas certain qu’il atteigne son but : femme écorchée par la vie et l’époque peut-être, mais d’une moralité inquiétante, se présentant comme une victime. Évoqués tantôt avec délicatesse, tantôt avec brutalité, dans un style de qualité, les épisodes de la vie de l’héroïne ne laissent pas indifférent. (E.Ca. et M.F.)