Voici l’histoire croquignolesque de Jean et de Jacques Chatelet, deux toqués de Rousseau, le philosophe. Tout en courtisant la soeur Marie-Rose, le médecin du couvent, Guillaume, découvre cette misérable épopée écrite au mur de la chambre de Jean dont il est venu constater le décès. Pour rendre honneur à leur dieu, qu’ils avaient invité à venir chez eux, les deux obsédés s’étaient attelés à la réalisation d’un parc dans le bourbier qui environne leur pauvre château. Le grand homme mort prématurément, leur passion monomaniaque ne s’arrêta point, ne reculant ni devant le ridicule ni devant le morbide pour s’assouvir…
Curieuse idée de s’emparer du roman de Fédéric Richaud, « pochade d’un piètre burlesque » (Jean-Jacques, NB mai 2008) sur le rousseauisme mal assimilé, et de l’augmenter ici d’une histoire d’amour entre un médecin et une nonne (allusion à La Religieuse de Diderot ?). À mi-chemin entre le réalisme et la caricature, un trait plutôt chargé fait vivre, dans des teintes glauques, deux récits emboités, divertissants et peu sujets au réalisme, où le sourire ému de la religieuse, en forme d’interrogation, éclaire faiblement une fable philosophique plutôt sombre.