Fresque en 3 tomes, cette adaptation initiée par Jean Teulé fait la part belle à l’image et l’imaginaire. L’œuvre s’attarde sur les grandes périodes de la vie de Baudelaire. Teulé montre un homme qui travaillait ses vers sans relâche, voulant réunir dans une même musique l’ignoble et le sublime, et qui a changé à jamais, avec Les Fleurs du Mal, la poésie française.
À Namur, en sortant d’une église, Baudelaire fait une mauvaise chute qui lui fait lâcher ce juron : Crénom ! Il ne dira dès lors plus rien d’autre. Nous sommes en 1867. Il ne lui reste que peu de temps à vivre…
Enfant, il ne se sent heureux que dans les jupes de sa mère. À tel point que le décès de son père le réjouit : désormais, la femme de sa vie ne sera que pour lui ! Son bonheur est toutefois éphémère. Quelques mois plus tard elle épouse le chef de bataillon Jacques Aupick qui entend faire son éducation. Après son renvoi du lycée Louis-Le-Grand, son beau-père l’envoie sur un navire partant vers les Indes pour une année qui doit en faire un homme. À bord, il évite les autres passagers pour se consacrer à la poésie dont il est persuadé qu’elle fera sa gloire. C’est là qu’il écrit L’albatros…
On découvre dans cette BD un Baudelaire narcissique, irrévérencieux avec l’Église comme avec les femmes, accro à l’opium et révolté éternel. Ce portrait insolite et audacieux du poète est loin de l’image que l’on s’en fait quand on l’étudie à l’École. L’œuvre est ponctuée de poèmes de Baudelaire, enluminés de magnifiques peintures expressionnistes pour les illustrer.
Jean Teulé souhaitait expressément la complicité de Dominique Gelli, son ami et voisin, pour l’adaptation en BD de son roman. Décédé en octobre 2022, il lui restait deux planches à découvrir sur ce premier tome.
(MC-MT)