J’entends des regards que vous croyez muets

CATHRINE Arnaud

Écrivain, parolier et scĂ©nariste, Arnaud Cathrine vole la vie des gens, du moins celle qu’il leur prĂȘte lors de rencontres fortuites – un vice anodin qu’il tient de sa mĂšre. Si Sophie Calle, artiste plasticienne qu’il cite souvent, fait de sa vie une oeuvre, lui offre des variations sur des instantanĂ©s d’existences en une construction polyphonique oĂč l’on retrouve aussi bien Sagan qu’une famille syrienne blottie sur le trottoir. Voisins de bars, de wagon ou de plage ; scĂšnes de ruptures, visions de beautĂ©s dĂ©chues, Cathrine Ă©crit un livre qui a du vague Ă  l’Ăąme oĂč ces reflets mĂ©lancoliques englobent ses propres souvenirs. L’approche n’est pas toujours gratifiante, mais le « voleur » n’espĂšre rien de ceux qu’il croque. BrĂšves ou longues, sur le modĂšle de Pas exactement l’amour : nouvelles (NB juin 2015), ces rĂ©cits ont de l’allure : Ă©criture stylĂ©e et causticitĂ© souvent en embuscade. L’ensemble offre une lecture plaisante, mais cependant peu innovante. (Maje et M.-N.P.)