C’est par l’intermédiaire de Peter Sellers, comédien fantasque, que l’on approche Jerzy Kosinski, prosateur juif né en Pologne en 1933, émigré aux États-Unis, qui se suicide à New York en 1991. Auteur d’un roman culte et contesté, L’oiseau bariolé, paru en 1965, cet homme insaisissable croise la fille de Staline et ses souvenirs d’enfance, de multiples prostituées dans des clubs sadomasochistes, fréquente aussi les milieux intellectuels et artistiques underground new-yorkais et la haute société.
Dans cette fiction, l’auteur de Johnny Bel Œil (NB décembre 2009) est fasciné par Kosinski, ambigu et énigmatique. Recherchant sans trêve la vérité de cet homme qui avance toujours masqué, il le traque dans des anecdotes sans liens apparents, le poursuit dans des situations où dominent le sexe et l’outrance. Dans ce récit à la construction complexe, aux fréquentes ruptures de style, l’écriture brillante marie avec habileté le ton de la biographie à celui de la narration pour enchaîner images et métaphores historiques. Dans toutes ces figures incertaines, le fil conducteur est la permanence de l’insatisfaction, le sens de l’échec, les fêlures de la vie puissamment romanesque d’un héros aux talents diversifiés.