Depuis son plus jeune âge, sa maman l’affuble de petits noms affectueux, mon gorillon, mon babouin, mon sapajou… Dans la tête de Jo, l’idée a fait son chemin. Sautillant et se balançant d’un lustre à un autre, se grattant et tapant du pied en riant, dévorant des dizaines de bananes par jour, cherchant des poux dans la tête de sa maman, Jo, à la vue de son poil hirsurte et de ses longs bras, s’est persuadé qu’il était un singe-garçon jusqu’à se réfugier au zoo dans la cage de ses semblables. Semblables ? Pas si sûr ! Peut-être n’est-il qu’un vrai petit garçon juste un peu bizarre !
Tout comme l’histoire de ce petit garçon un peu différent qui cherche son identité, les illustrations sont loin d’être lisses. Le papier est un peu granuleux, les couleurs sombres se mêlent et se confondent, Beatrice Alemagna joue avec les collages, découpages et dessins parfois à peine esquissés. Ce perpétuel contraste rappelle les hésitations, les pas en avant, l’espoir et les rechutes, les tours et détours qui se font dans l’esprit de Jo et de sa famille, cherchant à résoudre ce petit souci d’acceptation de soi. Tout y est, l’angoisse des parents et leur indéfectible attention, l’intervention du psychologue, les efforts du petit garçon qui tente de s’y retrouver dans ses contradictions. On sent tout le talent et le travail de l’auteur qui, pour traiter un sujet si sensible, a refusé de céder à la facilité.