Lily a trouvé refuge dans un village irlandais. Elle y fait des ménages, fume beaucoup et boit. Peu loquace, elle est cependant intarissable sur les préceptes divins. Son fils se prénomme John, comme Jean le disciple de Jésus auteur de l’Apocalypse. Adolescent complexé, sans envie ni plaisir, il se lie d’amitié avec Jamey, un jeune bourgeois « infréquentable ». John découvre Rimbaud, les pubs, l’alcool, les filles. Jamey l’entraîne dans des histoires louches mais lui fait aussi découvrir la littérature. La maladie de sa mère met John face à un dilemme… Ce deuxième roman traduit en français de Peter Murphy (La rivière d’Enoch O’Reilly, NB mai 2014) traite de l’amitié dans un monde où la vie morne et triste pousse à transgresser les interdits. La saoulerie, la violence, la profanation du sacré sont autant de manifestations de révolte contre une religion culpabilisante. Un corbeau, symbole de la mort, revient périodiquement : la peur du châtiment et de l’enfer peuple les cauchemars. Les personnages restent seuls et sans réponse devant ces visions menaçantes. Ce roman d’initiation, dont la narration troublante et la construction complexe – rompue par des nouvelles écrites par un des protagonistes –, est porté par une belle écriture prophétique. (M.-A.B. et B.Bo.)
John l’apocalyptique
MURPHY Peter