Mais pourquoi donc cet enfant n’a-t-il jamais peur de Jojo l’Affreux ? Le monstre l’a pourtant élu pour le terrifier, a même emménagé sous son lit, rugi, gesticulé : peine perdue. Le « petit » grandit, alors Jojo monte en puissance, aiguise ses crocs, ronge les pieds du lit, va même jusqu’à toucher un orteil du garçon endormi. Bref il puise dans ses ressources les plus variées pour voir enfin la peur se manifester. De guerre lasse, il s’en va, tellement dépité qu’il change de carrière.
L’histoire est racontée par Jojo l’Affreux, sous formes de lettres adressée à l’enfant. Une trouvaille car son sommeil tranquille met à vif les nerfs du monstre. Le texte va donc crescendo et les croquis avec, qui illustrent toutes les tentatives de Jojo. Effet comique garanti et mise en scène réussie quand ce déploiement de grimaces, gesticulations, approches guerrières est confronté au calme de la chambre d’enfant. D’ailleurs, comment avoir peur de ce monstre qui, en dépit de ses quatre crocs énormes, de ses immenses yeux globuleux, a des membres frêles et une taille ridiculement petite (ce que l’on ne découvre pas immédiatement) ? Et surtout une fourrure bleu moucheté qui fait penser à un gros pull en laine mohair (Voir L’incroyable catalogue de monstres, 18/12/2020) ! Ses efforts puis son découragement font passer du rire à l’attendrissement. (A.-M. R.)