Octobre 1899. Au large de l’île Maurice, un bateau fait naufrage. À son bord, deux bagnards libérés du pénitencier de Nouvelle-Galles. Sur le torse de l’un d’eux est gravé le nom de Weakshield, cet Irlandais qui a régné par la terreur, avec un horrible nain, sur les bas-fonds londoniens. Il a été déclaré mort quinze ans plus tôt. Mais une lettre adressée à une femme qu’il a aimée jette le doute. Scotland Yard reprend l’enquête. Deux journalistes sont aussi sur le coup… La haine, la peur, la vengeance ressurgissent. La pègre de l’East End, la cruauté des « crasseux », la puanteur et le sordide des ruelles, l’alcool, la vermine, le stupre… tout y est, dans ce roman furieux et terrifiant. Antoine Sénanque (Etienne regrette, NB avril 2014), avec la précision d’un scalpel, procède à la « dissection » : trafic d’opium, trafic d’enfants, combats de rats, de coqs, de chiens, « tout ce qui saigne est bon ». Mais de cette violence parfois complaisante, de ces monstres, émergent des êtres perdus dont l’enfance n’a été qu’horreur et qui, tous, sont en quête d’autre chose. Une lueur d’émotion dans ce texte stupéfiant de noirceur et de réalisme. (M.-A.B. et A.Be.)
Jonathan Weakshield
SÉNANQUE Antoine