En terminale d’un lycĂ©e de la banlieue lyonnaise, Livio s’est lancĂ© dans un exposĂ© marathon : l’autodafĂ©, Ă Berlin en mai 1993, de la bibliothĂšque de l’Institut de Sexologie crĂ©Ă© par Magnus Hirschfeld. Déçu du manque de rĂ©activitĂ© de ses copains de classe, il se laisse entraĂźner par sa passion pour le sujet et Ă©voque en dĂ©tail l’oeuvre du mĂ©decin juif homosexuel, cible de la chasse nazie pour « esprit non-allemand ». Peu Ă peu le lycĂ©en laisse sourdre malgrĂ© lui son Ă©motion et se livre sans fard. Sans jouer sur la corde sensible, Brigitte Giraud (Un loup pour l’homme, NB dĂ©cembre 2017) rend palpable le malaise d’un jeune d’aujourd’hui face Ă l’homophobie ordinaire (au pire), et Ă l’incomprĂ©hension (au mieux). Le drame qui suivra le coming out tĂ©mĂ©raire de Livio est annoncĂ© dĂšs le dĂ©but du roman. La premiĂšre partie extensivement consacrĂ©e Ă l’exposĂ© du lycĂ©en est suivie d’une trĂšs courte conclusion qui livre son Ă©tat d’esprit, son sentiment de solitude et d’exclusion aprĂšs sa prestation. Ce dĂ©sĂ©quilibre renforce l’impression de gĂąchis inĂ©luctable, l’entourage du garçon n’ayant rien vu venir, ou trop tard. Portrait sensible d’un adolescent qui se met en danger pour exister. (T.R. et C.G.)
Jour de courage
GIRAUD Brigitte